MADÈRE, UN ARCHIPEL AU COEUR DE L’ATLANTIQUE
C’est soirée de match ce soir à Funchal. Chez Venda Velha, un petit bar de l’est de la ville, les petites bouteilles de Coral, la bière locale, s’entassent sur des tonneaux faisant office de table. Les yeux sont rivés sur l’écran géant du restaurant voisin. La France affronte le Portugal pour ces quarts de finale de la coupe d’Europe. L’ambiance est plus à la concentration qu’à l’excitation. Cristiano Ronaldo joue peut-être un de ses derniers matches. Depuis 2017, le footballeur portugais a même donné son nom à l’aéroport de l’île : Aeroporto Cristiano Ronaldo. L’enfant prodige du football est né à Madère, ici même à Funchal où sa mère réside encore.
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L’atterrissage est imminent. A l’approche de l’île de Madère en avion, des montagnes aux origines volcaniques apparaissent au-dessus d’un tapis de nuages. Réputé comme l’un des aéroports les plus dangereux du monde, il s’est accessoirisé d’un tronçon sur pilotis depuis 2000 : un vrai test pour les jeunes pilotes.
Arriver sur l’archipel de Madère, c’est se confronter à une végétation tropicale, un panorama de montagnes et de baies : Avec ses deux iles principales, Madère et Porto Santo sa géologie est atypique au cœur de l’Atlantique. Le pic Ruivo, le point le plus haut de l’ile culmine à 1861m. Le côté sud de l’ile est très habité, et beaucoup plus urbain, avec sa capitale Funchal, tandis que le Nord est plus sauvage avec une nature verdoyante. Les températures oscillent entre 15°c et 23°c en été comme en hiver ce qui lui confère un climat doux toute l’année, et un air pur et régénérant. Les plages de sables ou de galets sont nombreuses, et les activités nautiques se pratiquent toute l’année sur cette île qui compte 260.000 habitants.
Funchal, la capitale de Madère, s’apparente à un amphithéâtre géant ouvert sur l’océan. La cathédrale de Se, datant du 15ème siècle, en constitue le cœur.
5h45 : notre journée débute au crépuscule dans le port de Funchal. Alex et Katarina nous reçoivent sur le voilier de Sea La Vie. Sea la Vie propose des croisières pour découvrir les côtes de l’île. Le petit déjeuner est servi en longeant l’île vers l’est pendant que le soleil se lève. On découvre une ile volcanique, où les nombreuses éruptions ont façonné le paysage. La statue du Christ de Garajau, érigée sur une falaise face à l’océan, nous rappelle que nous sommes bel et bien dans une ville lusophone.
Retour au port pour prendre la direction du centre-ville. Les ruelles sont pavées avec de la roche de basalte et du calcaire qui dessinent des demi-sphères noires et blanches sous nos pas. Nous traversons le parc botanique ; Madère a longtemps été un véritable laboratoire pour les plantes tropicales et un vrai test pour les introduire en Europe. Nous sommes au confluent de l’Afrique et de l’Europe, et sur la route de l’Amérique.
On approche du marché central de Funchal. Le Mercado dos Lavradores proposent des produits régionaux aux saveurs tropicales. Les étals de fruits et de fleurs exotiques s’enchainent dans l’agitation du matin. L ‘arrière du marché accueillent les étals de poissons locaux comme l’espada, le sabre noir ou le thon. Les femmes portent l’habit traditionnel madérien : un gilet rouge et une chemise blanche sur une jupe de laine rouge aux rayures multicolores.
Dans un atelier du centre de Funchal, on aperçoit une vitrine avec des prototypages sous verre estampillés du logo Chanel. La maison a collaboré avec Bordal, pour certaines pièces de leur collection couture de 2014. Cet atelier de broderie artisanale conserve ce savoir-faire ancestral de plus de 150 ans. On peut y découvrir le processus de production artisanale avec des brodeuses qui perpétue cette tradition de l’île.
En s’aventurant dans les hauteurs de la ville, on découvre des traineaux en osier qui dévale les rues escarpées accompagné de deux carreiros. En 1959, Ernest Hemingway visite Madère et déclare que la descente en Carro de Cesto est une des expériences les plus exaltantes qu’il a vécu. Ces traineaux en osier et en bois d’eucalyptus sont poussés par des carreiros, des chauffeurs en tenue blanche avec un chapeau de paille, portant des chaussures avec des semelles en pneu pour contrôler la descente de 2km.
On redescend sur la praça do Municipio, où se dresse la façade blanche d’une église jésuite. Avec son intérieur baroque, Igreja do Colegio est un chef d’œuvre du 17ème siècle à ne pas manquer. On s’immisce jusque dans la sacristie dans ce décor d’azulejos, d’arches peintes et de plafonds en trompe l’œil. De l’autre côté de la place, le Museu de Arte Sacra est un ancien palais épiscopal qui expose des pièces et chefs d’œuvres sacrés du 15eme au 19eme siècle, récupérées des églises et cathédrales de l’île. Dernier rendez-vous sur la terrasse du musée avec vue sur les toits de la ville pour une dégustation de vins de Madère.
C’est l’heure du dîner chez Kampo. Le chef Julio Pereira possède trois restaurants à Funchal. Ce natif de la côté ouest du continent portugais s’est installé à Funchal pour proposer des cuisines en lien avec la terre, la mer, et un concept d’izakaya à la japonaise. On s’installe au comptoir. Kampo se définit comme un restaurant d’expériences, où les saveurs de la terre sont mises en valeur. La carte est bistronomique aux accents portugais, avec une spécialité sur les viandes maturées et les assiettes à partager.
Ce matin, nous quittons Funchal pour découvrir les trésors de l’île. De passage par Camara de Lobos, un balcon sur la baie signale l’exact point où le chevalet de Churchill était posé. En effet, le premier ministre britannique a séjourné dans la station balnéaire et a peint la vue de cette baie. Ce village de pécheur avec son esprit authentique est à seulement 15 minutes de la capitale. En traversant le café du port, on découvre une placette où des madériens discutent en buvant leurs cafés et en jouant aux dés. Une légende raconte qu’ici serait née la poncha, cet élixir à base de rhum agricole de Madère, de citron et de miel.
Départ pour le nord de l’île dans les hauteurs de l’île. On arrive dans la zone de Rabaçal. Un sentier suit la Levada do Alecrim. Les levadas sont des cours d’eau qui irriguent l’île. Après une randonnée de 3 km, on accède à une cascade dans la lagune « Dona Beija » pour se rafraichir.
Saignant ou à point ? Le menu est imposé chez Quinta do Barbusano. Des brochettes « espetada » de viande de bœuf marinée et cuite au grill, sont embrochées sur une tige de laurier qui la parfume naturellement. Cet établissement vinicole dans les hauteurs de Sao Vicente offre une vue sur la Capelinha de Nossa Senhora de Fatima. Le vignoble propose des vins de Madère à la dégustation avec les fameuses brochettes. Pendant la saison des vendanges, la Quinta do Barbusano propose l’expérience de la cueillette des raisins et du foulage dans une cuve traditionnelle.
Juste le temps de piquer une dernière tête sur la plage de la ville balnéaire de Caniçal à l’extrême est de l’ile. La température de l’eau est rarement inférieure à 18 degrés toute l’année. On s’attable ensuite chez Tasquinha do Pescador. Cet ancien snack bar à quelques pas de la plage s’est transformé en restaurant. Ici, on déguste Des plats aux racines traditionnelles dans une ambiance de taverne. On agrémente notre dernière poncha du voyage avec un bolo de baco, ce pain au beurre d’ail qui est servi sur toutes les tables de Madère. Puis on déguste des patelles (ou limpets), ces coquillages en forme de chapeau chinois avec leur saveur goûtue nous laisse un dernier goût iodé de Madère dans ce cadre tropical que l’on ne veut plus quitter.
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Photos réalisées avec le SONY Alpha 7 IV
Carnet d’adresses
Venda Velha
Rua de Santa Maria 170, Funchal
Sea La Vie
Praça do Povo, Funchal
Mercado dos Lavradores
Largo dos Lavradores, Funchal
Bordal – Bordados da Madeira
Rua Dr. Fernao de Ornelas 77, Funchal
Igreja do Colegio
Praça do Municipio, Funchal
Museu de Arte Sacra
Rua do Bpo., Funchal
Kampo by chef julio Pereira
Rua da Alfandega 74, Funchal
Quinta do Barbusano
Sao Vicente
Tasquinha do Pescador
Rua do Pescador 9, Caniçal
