Nature sauvage, pauses bien-être et goûts authentiques : L’Île Maurice autrement.

11 nov.

Au beau milieu d’un bout du monde, l’Île Maurice incarne tout ce dont on rêve au moins une fois dans sa vie : s’envoler loin, très loin, plonger dans la transparence de l’eau, se laisser bercer par la douceur insulaire. Dans cet écrin de beauté, tandis que l’hiver austral touchait à sa fin, on a aussi rêvé de routes qui dévoilent l’inattendu des paysages, de rencontres qui racontent l’authentique. Une nuit dans les airs depuis Paris et 9427 km plus tard, atterrir ici c’est donner vie aux couleurs de l’imaginaire, puis explorer celles de la curiosité. Ainsi, d’ouest en est, l’itinéraire de notre voyage ajoute au bleu de l’horizon les teintes d’une nature brute, de chemins d’aventures, de saveurs d’ailleurs et d’instants un peu suspendus.

5h30 du matin. Depuis le ciel, le jour est en train d’apparaître sur l’océan Indien, et avec lui les reliefs de l’île, dont le Morne Brabant, l’un des sommets emblématiques. L’Île Maurice ce sont seulement 2040 km2 où plaines côtières, chaînes montagneuses, falaises, cascades et faune luxuriante côtoient lagons et récifs coralliens. Sur terre ou sous-marine, la nature fait vibrer les contours de l’île et son cœur. Et si l’île contient en si peu de superficie autant de paysages, sa culture, fruit des multiples communautés qui sont arrivées ici au fil du temps, se raconte également au pluriel. Une coexistence pacifique entre Indo-Mauriciens, Créoles, Franco-Mauriciens, ou encore habitants d’origine chinoise qui constitue l’une des richesses de Maurice. Une diversité qui s’exprime en traditions, en célébrations, et joie, bonheur : en cuisine !

Pour nos premiers pas sur l’île, direction l’ouest et la Maison Ojas. Avec trois écolodges conçus à partir de matériaux naturels et des séjours pensés comme des retraites entre bien-être et découverte, cette adresse récemment inaugurée est un véritable havre de paix. De bons goûts aussi, car pas question de commencer la journée sans les petits-déjeuners préparés par Vanessa, la maîtresse de maison. Au menu : alouda à la rose, soit un lait aromatisé à base d’agar-agar et de perles de tapioca, gâteaux piment (sorte de beignets salés aux pois cassés jaunes avec herbes, oignons et piments) et mangues fraîches. Parce que Vanessa connaît l’île comme sa poche et ceux qui peuvent accompagner un séjour sous le signe du mieux-être (enseignants de yoga ou de Tai chi, acupunctrice géniale, etc…), la matinée se poursuit les pieds dans le sable pour un cours de yoga avec Joanna La Gesse (@thefeelgoodmessenger). Moment parfait après presque 12h de vol et avant de poursuivre nos explorations. Enfin plutôt notre envie de goûter à tout : dholl puri, achards de citron et rougaille au déjeuner, puis marché à Beau Bassin - Rose Hill, avant de préparer le dîner en compagnie de Vanessa et de sa famille pour déguster un cari de poulet à la mauricienne. Saveurs indiennes et créoles, jus de tamarin et épices, cette journée nous met dans le bain et les parfums de la cuisine locale.

Dimanche, on prend la route pour en prendre plein les yeux, et les jambes aussi. Au nord du parc national des gorges de Rivière Noire, la randonnée des 7 cascades est l’une des plus spectaculaires de l’île. Avec notre guide qui ouvre le chemin à travers la forêt, les cascades se dévoilent derrière la végétation tropicale, le panorama sur une nature impressionnante s’élève de plus en plus, pour finir au-dessus d’une chute d’eau de 55 mètres. Si de bonnes chaussures de marche sont nécessaires, le maillot de bain aussi pour se rafraîchir dans certains bassins, avant une remontée un peu sportive où les goyaviers servent d’appui durant l’ascension. Trois heures d’une promenade inoubliable que l’on a choisi de poursuivre au rythme du hasard, et rassurez-vous, de nourriture. Après un biryani de poisson concocté par la maman de Vanessa, la journée s’achève près du phare d’Albion, puis sur la plage publique où les saris et la musique nous emmènent par surprise au cœur de Ganesh Chaturthi, une célébration en l’honneur du dieu hindou à tête d’éléphant.

Après une deuxième nuit dans le calme de La Maison Ojas, c’est vers un autre symbole de la culture hindoue que nous nous dirigeons : le lac sacré de Grand-Bassin (Ganga Talao). Cet ancien cratère volcanique serait selon la légende une résurgence du Gange sacré. Si ce jour-là, la route à quatre voies qui y mène est particulièrement tranquille, lors de Mahashivaratri - ou nuit de Shiva-, celle-ci se remplit de pèlerins venant de toute l‘île. De statues gigantesques en multiples temples, le site permet également d’avoir en perspective la chaîne de montagnes de Moka, à gauche Le Pouce, à droite Le Pieter Both.

Puis, sur les routes qui serpentent à travers l’une des parties les plus préservées et sauvages de l’île, on plonge un peu plus en direction du sud. C’est dans la vanilleraie confidentielle de Dhareena que l’on a rendez-vous pour une visite à la découverte de celle qu’elle nomme « La reine des épices ». Dans le sillage de son papa paysagiste, Dhareena cultive une vanille biologique dont on saisit ici les cycles de vie exceptionnels, et les gestes d’orfèvre permettant de créer son goût unique. Que l’on ne manquera pas de déguster, évidemment. Avant que le soleil ne se couche, on emprunte la route côtière pour s’arrêter non loin du Morne Brabant et se laisser happer par sa présence magnétique, avant de traverser le village de Tamarin et de passer une dernière nuit à l’ouest.

Le lendemain, c’est l’énergie de Port-Louis la capitale qui nous accueille, et celle d’Anne, l’une des cofondatrices de Lokal Adventure. Un duo qui a à cœur de transmettre des expériences insolites et respectueuses des trésors de la nature et de la culture mauricienne. Aujourd’hui, c’est entre les étals du marché et les rues du quartier chinois que l’on déambule pour, entre autres bouchées, déguster ananas aux épices salées, galettes au cari de gros pois (que l’on appelle roti ou farata) ou encore gâteaux patates, beignets absolument régressifs à la patate douce. Et c’était « mari bon » (très bon en créole). Du goût généreux des cuisines, aux échos qui s’échappent, ici d’une mosquée, là d’une pagode, on ressent encore plus ce qui constitue le tissu social et culturel de l’Île Maurice.

C’est le moment de mettre le cap vers l’est pour poser nos valises à l’hôtel Sunrise Attitude. Si la plage de Belle Mare située juste en face offre la beauté des levers de soleil, c’est sous un ciel aux couleurs des fins de journées que l’on arrive. D’un côté le lagon paradisiaque, de l’autre des champs et au loin le dessin des reliefs : de nouveaux paysages apparaissent et annoncent le rythme des prochains jours. Bien plus qu’un hôtel 4*, le Sunrise Attitude est un lieu de vie engagé dans la protection de l’environnement et le soutien de la communauté locale. On est bien sûr tentés de parler de cuisine, qui est exquise à toute heure de la journée et se goûte par ailleurs lors de dîners chez l’habitant. De la décoration des chambres, aux ateliers créatifs proposés par l’hôtel (dans notre cas avec l’artiste David Rogers, @davidRoger_s), en passant par les massages traditionnels du spa Poz, un soin tout particulier est apporté pour faire d’un séjour ici, une expérience riche en sensations et rencontres.

De jour en jour, le visage authentique de l’Île Maurice ne cesse de se dévoiler : sous les mains de Reshma et de son massage « Gran Mama » aux huiles de moringa, géranium et romarin. Dans les nôtres qui tressent du vacoa à l’Atelier Utilis, ou cueillent des plantes au cœur du jardin de Nathalie Baissac Daruty, la créatrice de tisanes aux vertus médicinales et de Feuilles et Fleurs. Un coin caché et un peu magique, où derrière des champs de cannes à sucre poussent roselle, sauge, tulsi…Et où le temps semble un peu s’arrêter aussi.

C’est à cet instant que vous vous dites, mais enfin, vont-ils se jeter à l’eau ? Oui, en guise de conclusion, l’eau guidera nos derniers pas. Déjà, sous forme d’une pluie torrentielle qui aurait pu nous laisser sur le bord de la route. C’était sans compter sur la météo des marins, celle qui sait que « oui c’est bon, on met les voiles », et le ciel au-dessus de Mahébourg, qui, au fil de l’eau, est passé du gris un poil dramatique au bleu merveilleux. Au gré du vent et d’une pirogue locale, on a navigué de la réserve naturelle de l’Île aux Aigrettes jusqu’à L’Île aux Fouquets, déguster du homard grillé au large d’une île secrète et nager dans la seule, l’unique : l’eau cristalline d’un des plus beaux lagons de l’île Maurice. On sait que l’on repart bientôt, le cœur un peu serré, mais débordant de saveurs et de souvenirs, et de l’envie irrésistible de revenir sur cette terre au milieu de l’océan.