escapade verte et sauvage à féroé
Il est 23h37 à Torshavn quand nous sortons du restaurant Barbara Fish House. Fin juin, le soleil se couche vers 23h30 et se lève à 3h30. La pénombre n’est jamais totale. La ville est vibrante le soir. Un bateau gigantesque a jeté l’ancre sur le port. Un local me dit que le ferry à quai arrive du Danemark et va repartir pour l’Islande. Les féroïens tardent dans les pubs. Deux garçons à la guitare font des reprises de tubes anglo-saxon au Essabar. Parmi eux, on reconnaît Pall, le rouquin qui nous a accueilli et servi hier dans la brasserie de Foroya Bjor à Klaksvik.
Du port à son parlement, il n’y a que quelques centaines de mètres à parcourir dans la capitale, Tórshavn. L’île a son propre gouvernement. Son parlement est rattaché au royaume du Danemark. Le drapeau féroïen flotte fièrement sur la pointe du quartier de Tinganes. Tórshavn, La capitale, est souvent citée comme étant la plus petite capitale du monde. Comme sur le reste de l’île, de nombreuses maisons de bois sont recouvertes de gazon. Comme il y pleut 280 jours par an, les colons scandinaves avaient introduits les toits d’herbe pour assurer une protection contre la pluie.
Il flotte comme un sentiment de bout du monde à Féroé. Des falaises abruptes balayées par des nuages s’enchainent entre fjords et bras de mer. Sauvages, authentiques, intactes, ces Iles rocheuses d’origine volcanique offre une escapade dépaysante à seulement 2h40 de Paris. Perdues au milieu de l’Atlantique Nord, Les iles Féroé se situent entre le nord de l’Ecosse et l’Islande. L’archipel compte 18 îles relativement proches les unes des autres. Elles semblent rangées en parallèles avec d’étroits bras de mer les séparant, comme les dents d’un peigne. La chaine insulaire s’étend sur 113km de long et 75km de large. Le plus souvent, les îles sont accessibles par des tunnels, par des ponts, ou en bateau. Le littoral très découpé s’étend sur plus de 1100km. Il est si tourmenté, qu’aucun endroit ne se situe à moins de 5 km de la mer.
L’atterrissage se fait sur une piste extrêmement courte. Le freinage est abrupt. Dès l’arrivée à l’aéroport de Vagar, on remarque un temps bruineux. La verdure est omniprésente dans ces prairies boréales. On navigue dans un relief accidenté, entre vallées verdoyantes et vestiges de l’ère viking. Notre minibus longe l’océan et les bras d’eau, enchainant les virages dans un décor montagneux.
Le départ commence au village de Midavagur. C’est sous une pluie battante que nous prenons le chemin de randonnée de Traelanipan. Ce spectacle naturel sur l’île de Vagar est immanquable. Après 20 minutes de marche, nous atteignons le lac de Leitisvatn. Ce lac, perché 38 m au-dessus de l’océan est profond de 60m, et son fond est donc sous le niveau de la mer. Après une heure de marche, le chemin nous mène jusque Bosdalafossur, une cascade qui se jette dans l’océan et des falaises abruptes aux alentours avec une géologie impressionnante. Il faut noter que les randonnées sont payantes aux Féroé. Nous déjeunons dans le restaurant Fiskastykkid dans la village de Sandavagur.
Un des autres moyens de transports utilisé par les locaux est l’hélicoptère. La flotte d’Atlantic Airways en compte deux. Le départ se fait de l’aéroport de Vagar. Des navettes existent pour relier certaines iles plus difficiles d’accès. Le tarif pour les locaux reste abordable. Le tour de l’île de Vagar en hélicoptère est spectaculaire.
L’archipel offre une géologie hors du commun. Cela n’a pas échappé aux producteurs du dernier James Bond, qui les ont choisies pour décor pour les dernières scènes de « Mourir peut attendre ». Atlantic Airways propose même un tour d’hélicoptère pour découvrir « les lieux de James Bond vu du ciel ». Et (attention spoiler !!!) découvrir la pierre tombale de 007 sur l’ile de Kalsoy. Féroé est un cadre unique pour les amateurs de grands espaces naturels. De plus en plus de touristes recherchent cette vraie déconnexion du quotidien. De plus, les féroïens (ou féringiens) sont un peuple souriant, vif, accueillant. Ils aiment promouvoir leur culture et préserver leur écosystème. Pas de fioriture, d’hôtel de luxe ou de maisons remarquables. Ici, on vit au rythme de la nature. Il fait rarement très froid à Féroé. Son climat subarctique maritime est bercé par le Gulf Stream. Les températures oscillent de 3° en hiver à 12° en été. Le climat est humide. On compte 280 jours de pluie et pas mal d’humidité. Le temps est très changeant. On peut vivre les 4 saisons féringiennes dans la même journée.
Ici, les gens parlent le féroïen. Une langue aux racines viking, islandaises et germaniques. Les 53.000 habitants sont disséminés sur les 18 iles de l’archipel. Tout le monde semble se connaître, comme dans un village.
Les plafonds sont bas, et à la décoration nordique et chaleureuse. On se sent chez soi. Les peaux de mouton juchent les sièges du restaurant. Barbara est un restaurant de tapas nordique focalisé sur les poissons et les crustacés. Il est situé dans une des plus anciennes maisons de Tórshavn. Cette historique demeure au toit de gazon était l’adresse d’un personnage clé de la littérature féroïenne, Barbara, écrit par Jorgen Franz Jacobsen.
Les fruits et légumes sont essentiellement importés. Le climat ne permet pas la culture de la plupart d’entre eux. L’essentiel de la nourriture est basé de pomme de terre, de poisson et de mouton. La gastronomie féringienne puise dans la richesse des paysages et des produits environnants. Historiquement, beaucoup de la nourriture était salée ou séchée à l’air iodé. Mouettes et agneaux étaient suspendus dans des abris de bois laissant la viande à l’extérieur au vent et à l’air iodé. Nous gouterons le fameux Skerpikjot, un jambon de mouton séché : une charcuterie très forte en goût à tester.
En dépassant Bour, nous atteignons Gadasalur. Le village est difficilement accessible par la mer, les pêcheurs sont souvent amarrés à Bour. Une vingtaine d’habitants résident ici. Jusque 2006, le village n’était pas relié par la route. Avant qu’un tunnel soit construit, il était seulement possible d’aller à Gadasalur en hélicoptère ou à pied. Le chemin du facteur, qui distribuait le courrier 3 fois par semaine en traversant la montagne a d’ailleurs été rendu célèbre par le film danois « 100 mètres éloignés de l’avenir ». Ce village situé à l’ouest de Vagar abrite la cascade la plus exceptionnelle de l’île, celle de Mulafossur.
En chemin pour la cascade de Mulafossur, nous faisons une halte dans le village de Bour. Ce petit bourg charmant avec ses ruelles intimistes, offre une vue sur les iles spectaculaires de Tindholmur et Gasholmur. Une cascade traverse le village près de son église au clocher blanc datant de 1865. Nous faisons une halte dans le café de Pakkhusio i Bo et profitons d’un tour sur la plage face au décor prodigieux.
On quitte Tórshavn pour atteindre l’extrémité nord de l’ile de Streymoy. Le trajet jusque Tjornuvik nous voit déambuler entre bras de mer, tunnel et fjords. La route longe la plus haute cascade de l’île, celle de Fossa. On atteint la fin de la route dans une baie étroite, celle de Tjornuvik. Avec sa population qui n’atteint pas la centaine d’habitants et son église de 1937, Tjornuvik a des airs de bout du monde. La baie est extrêmement bien exposée pour le surf, mais il ne fait pas être frileux. Aujourd’hui la température de l’eau est à 8 degrés. Kat est originaire de Tórshavn. C’est lors d’un échange étudiant qu’elle s’est initiée au surf à Santa Cruz en Californie. De retour sur l’île, elle fait du surf dans la baie depuis des années. Après le confinement, une baraque de plage qui était un centre de tris de déchets étaient à récupérer. Avec Andras et Tori, ils se proposent désormais d’être des « surf guide ». L’accompagnement peut être en surf, en paddle, ou pour sauter des falaises avoisinantes. Pour les moins aventureux, vous pouvez profiter d’un bain chaud au bord de l’océan.
CARNET D’ADRESSES
Hotel Hafnia – Torshavn, @hotelhafnia
Foroya Bjor – Klaksvik, @foroyabjor
Faroe islands surf guide – Tjornuvik, @faroeislandssurfguide
Barbara Fish Restaurant – Torshavn, @barbara_fish_house
The Tarv – Torshavn, @thetarv
Essabar – Torshavn, @essabarrtorshavn
Etika – Torshavn, @etika_restaurant
Paname Café – Torshavn, @paname_café
Mikkeler Torshavn – Torshavn, @mikkelertorshavn
Pakkhusio i Bo – Bour, @pakkhusid_i_bo
Fiskastykkid – Sandavagur, @fiskastykkid
Atlantic Airways est la compagnie aérienne des îles Féroé. Elle vient de re-lancer la ligne directe entre Paris-CDG et l’aéroport de Vagar sur les îles Féroé avec 2 vols par semaine les lundis et jeudis jusqu’au 17 octobre prochain en codeshare avec Air France. La durée de vol est de 2h40.
Photographies prises avec le canon G7X MIII